Régions : « My bretzel is Rich(ert) »
Hier avait lieu la séance inaugurale des nouveaux conseils régionaux issus des élections de décembre dernier. Les nouveaux présidents de régions ont été élus. Sans suspens. Discours convenus, communication contrôlée, clichés claquants classiques… Bref, la routine.
La routine, vraiment ?
Oui et non…
Oui, parce que les discours convenus étaient pour la plupart une redite des promesses de campagne et certaines annonces sont venues rendre concrétiser certaines déclarations de campagne. Ça c’est du déjà vu : on dit qu’on va faire ce qu’on avait a dit…
Et puis Non, parce que contrairement à d’habitude, l’acte fondateur de plusieurs d’entre eux aura consister à s’attaquer au moins symboliquement au train de vie des élus régionaux. Les budgets sont en berne partout et après tout, il n’y a pas de petites économies. A force de nous dire que chacun doit prendre sa part de responsabilité et de sacrifice pour l’effort national, il fallait bien que cela finisse par tomber sur nos chers édiles.
Indemnités, voitures de fonctions et autres avantages en nature, toutes les régions vont subir ce tour de vis budgétaire.
Toutes ? Non !
Une région résiste encore et toujours. Et pas qu’un peu !
C’est en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (#woputainvouspouviezpastrouverunnomderegionpluslongencore?) que ce joue le drame. .
C’est en effet au pays de la Choucroute, des cigognes et de Jeanne d’Arc (Au secours !) que nous avons eu une belle démonstration de l’esprit de rigueur et de pondération.
Mais qu’ont donc fait ces Alsachampardennailorrains ?
Comme un jour de rentrée des classes en maternelles ou de congrès des syndics de copropriétés, chacun des 169 élus de l’assemblée (moins ceux qui effectue là leur deuxième mandat si l’on en croit Le Point) ont reçu une sacoche de bienvenue (ou « Welcome Pack » dans les congrès étudiants) contenant différents goodies offerts par le nouveau conseil régional.
Là où c’est très fort, c’est qu’au lieu de se contenter d’un pin’s, d’un stylo, d’une clé USB et d’un t-shirt floqué du nouveau logo, les services généraux et marketing ont préféré y mettre des objets plus… exotiques !
Quelques menues documentations sur la région, des cartes de voeux, une carte du département (pratique pour les nouveaux parachutés) et accessoirement un iPhone et un iPad.
Si l’anecdote a été relayée par plusieurs médias dans la journée pour insister sur la caractère luxueux de ces cadeaux de bienvenue, pas un seul ne s’est posé la question du coût que représentent à eux seuls ces objets technologiques.
Livrons-nous donc à un petit calcul théorique !
Soit 169 élus à qui l’on offre, si l’on se fie à la photo relayée, un iPhone 6 (ou 6s) ainsi qu’un iPad (Air ou Air 2). Personne ne veut croire qu’il s’agisse ici des modèles les plus onéreux de ces gammes, mais dans le doute, nous ferons le calcul avec les tarifs les plus extrêmes.
Ainsi, le tarif d’un iPhone 6 (2014) d’entrée de gamme (#LOL) est à ce jour de 639€ (TTC). Celui d’un iPad Air (2013, modèle wifi de 16 Go) est de 399€ (TTC).
A l’opposé, un iPhone 6s (2015) dans sa version 128 Go, est disponible à 969€ (TTC) et un iPad Air 2 (2014, modèle wifi + cellulaire de 128 Go) se négocie sur l’Apple Store à 825€ (TTC).
Nous en arrivons donc à une somme rondelette comprise entre 175 et 303 mille euros.
Ça fait cher le cadeau de bienvenue… Hein ? Même en admettant que quelques malchanceux n’aient pas été gâtés, que le service achat ait pu faire des économies d’échelle par une commande groupée en passant par le budget de fonctionnement (déjà voté ?), ça ne représenterait pas une grande réduction sur ce total.
On espère qu’à ce prix là, l’efficacité accrue de ces élus surmotivés compensera ce manque à gagner pour les finances de la région qui aurait pu servir au choix pour les lycées, les transports, le soutien aux entreprises, etc… Pas sur non plus que le coût de ces tablettes, certes de qualité, compenseront le budget papier économisé par l’accroissement de la dématérialisation.
A l’heure où d’autres régions font justement le choix de retirer les téléphones de fonction des élus (poke Rhône-Alpes-Auvergne), il est quelque peu étonnant de voir un autre quoi de l’hexagone (et du même bord politique !) faire le choix inverse…
S’expliquerait-il par un taux d’équipement anormalement bas de l’est de la France où un trop plein de Hype mal maitrisé ?