Une histoire secrète du sport de François Thomazeau
Le sport.
Cette chose aussi populaire qu’élitiste tout à la fois passe-temps, objet de spectacle, véritable business mondial, ou encore garant de votre bonne santé.
Si ce livre ne vous donnera pas forcément envie de vous mettre au sport si vous êtes plus adepte du pizza-bière-foot que des footing matinaux, il va vous mettre en revanche une belle claque si vous pensiez en savoir un tant soit peu sur le Sport avec un grand S.
Et d’abord sur sa relative jeunesse. Contrairement à la croyance couramment admise, quand bien même les grecs de l’antiquité pratiquaient des activités physiques de compétition, l’émergence du sport en tant que pratique concurrentielle de haut niveau est, à l’échelle de l’humanité, très récente. un siècle et demi tout au plus.
Et l’on prend alors conscience de la folle machinerie qui s’est mise en marche autour de ce qui n’était au départ qu’un loisir, qu’une distraction, utile pour le corps et l’esprit.
Une histoire secrète du sport, d’une richesse incroyable, nous offre à voir cette face cachée du sport, derrière les médailles, les résultats, les buts et les records.
Une histoire des sports
Sans virer dans l’exposé rébarbatif et soporifique, l’ouvrage revient en détails sur la naissance de plusieurs disciplines. Parmi la myriades de sports pratiqués sur la planète, le livre s’arrête plus particulièrement sur le cas du rugby, du football, de l’athlétisme ou encore du cyclisme. Mais le récit est également parsemé de nombreux épisodes marquants de l’histoire de variété d’autres sports : Formule 1, Natation, Boxe, etc.
Leur point commun est d’être né dans l’esprit de l’amateurisme. Une pratique plutôt noble et désintéressée, destinée tout autant au bien être physique qu’à l’esprit de compétition.
A travers les grandes et les petites histoires et anecdotes de l’histoire du sport (à ne pas confondre avec l’histoire sportive) on découvre aussi bien de grands moments et des héros, que les pires bassesses et le gangrénage progressif par l’argent et la transition inéluctable vers la professionnalisation.
Une histoire de la structuration du sport
D’abord sous la responsabilité d’entités très locales, les différents sports se sont progressivement dotés de différentes instances. Régionales puis Nationales d’abord afin de se voir propulsée au niveau mondial.
Cocorico ! La plupart des organisations mondiales du sport sont issue d’initiatives françaises et certaines ont encore leur siège à Paris comme la Fédération Internationale de l’Automobile.
Organisation sportive par excellence, le Comité International Olympique est également une création française même si elle demeure en Suisse pour des raisons… fiscales…
Et oui. ce que met incroyablement en lumière cet ouvrage, c’est à quel point le sport est passé doucement mais surement d’une certaine noblesse à une véritable industrie.
Si la structuration du monde sportif a apporté son lot de points positifs comme l’instauration de règles communes, la globalisation du sport, à travers ses organismes officiels, à accentué des travers inhérents même à la pratique sportive concurrentielle : la corruption et le dopage.
Une histoire de la corruption
Les activités humaines on cela de fascinant que, quel que soit le domaine, l’humanité trouvera toujours un moyen de subvertir et enlaidir lesdites activités.
Dans le cas du sport, qui à la base repose principalement sur la notion de jeu, l’argent est très vite devenu l’un des moteurs parasites de son développement.
D’abord via les paris, pour lesquels on truquait les rencontres afin de maximiser les gains, puis pour l’organisation de grands événements sportifs, au premier desquels se trouvent les Jeux Olympiques, et enfin l’appât du gain, qui poussa la culture du dopage à des niveaux inimaginables.
Le livre est édifiant sur le cas des JO et du CIO, instance plus que corrompue, qui brasse plus d’argent qu’elle n’en n’a besoin et qui sous des dehors de protection de l’esprit sportif dissimule un fonctionnement opaque et malsain.
Pas une seule olympiade ne peut être exempte de soupçons dans leur organisation, qu’il s’agissent des conditions d’attribution ou des résultats qui s’y sont produits.
Bien que cela soit un secret de polichinelle et que rien ne semble vouloir remettre en cause ces dérives malgré les révélations et trop rares condamnations, cet aspect du livre est terrible en ce que la réalité qu’il nous décrit dépasse de loin ce que l’on croyait savoir du sujet.
Une histoire politique
Et que dire du rôle politique du sport !
Plus les responsables du monde sportif se défendent d’un quelconque parti pris, et plus on se rend compte que le sport est au contraire le cache-sexe de politiques plus ou moins agressives.
Quoique désigné sous le petit nom de « soft power », le sport constitue l’une des pièces de choix des différentes nations ou régimes dans leur arsenal diplomatique.
Boycott ou au contraire noyautage par des procédés peu reluisant comme la corruption ou le dopage, le sport, qu’il s’agissent des JO ou des coupes du monde de football entre autre, plantent à chaque fois un clou dans le cercueil de la pureté du sport, tant chérie par la plupart des pères fondateurs.
Détourné de ses objectifs premiers, le sport, tout particulièrement dans son expression mondiale et globalisée, sert avant tout les desseins de gens peu scrupuleux, ce qui a des conséquences dramatiques sur les athlètes.
Une histoire dramatique
Quoiqu’il ne faille pas tomber dans un angélisme malvenu, les principales victimes des effets conjuguées de la corruption et de l’utilisation politique du sport sont avant tout le athlètes.
S’il n’ pas fallu attendre que le sport prenne une telle ampleur pour que les compétiteurs cherchent à augmenter leur performances, force est d’admettre que le passage de loisirs à objet de spectacle et de spéculation a très largement contribué à faire augmenter dangereusement la pratique du dopage.
Là encore, au départ en amateur, en témoigne les substances faite maison sur les premiers tour de France, jusqu’à des dispositif médicaux complexes nécessitant une logistique très lourde (transfusion, etc.)
S’il n’était question que de tricherie, cela pourrait presque prêter à sourire, mais les choses sont hélas plus graves puisqu’il y est question de décès, de lésions permanentes, le tout dans une indifférence généralisée.
Un must have
Excellemment bien écrit et très bien documenté, les auteurs nous offre une véritable saga, que l’on imagine sans peine adaptée en série télé !
Même les épisodes pourtant à priori très bien connus du public sont éclairés sous un nouveau jour et enrichi de détails insoupçonnés.
Une véritable somme sur le sujet que tout bon passionné se doit d’avoir dans sa bibliothèque !