Petites dents, grands crocs
« Quoi ??!!?!? »
C’est à peu près le cri que j’ai émis après avoir atteint le point final de ce roman.
Un peu par désarroi. Un peu par déception. Peut être aussi un peu par colère.
Je dois avouer qu’au fil de la lecture, je ne voyait pas bien comment parler de ce livre. Mon instinct me poussait à retranscrire ce que je pensais, presque sans filtre.
Je me serais alors livré à une chronique très sévère d’un livre déprimant et donc déplaisant à lire, qui défendait bien maladroitement la thèse de l’assujettissement des femmes à notre patriarcat plus que millénaire, sans qu’il ne ressorte à la lecture aucun message porteur de sens. Juste une longue plainte stérile d’une femme dont personne ne perçoit la détresse.
Mais d’une part, ça n’était que mon point de vue de lecteur et puis, sans doute y avait-il autre chose que je n’avais pas encore vu et que la suite du récit allait éclairer.
J’envisageais alors d’adopter un ton et un propos plus mesuré, qui se ferait tout autant l’écho de mes impressions qu’une analyse le plus à froid possible, tâchant de rechercher un sens plus profond que ce que l’écume des mots pouvait révéler.
J’avais tellement peur de ne pas saisir le sens profond du récit que j’ai songé à un moment à ne tout simplement pas en parler. Une décision qu’on me suggérera peut-être d’avoir conservée.
Et puis arrivèrent les 30 dernières pages…
Heureusement que je lis sur tablette, sinon le livre aurait traversé toute la pièce.
Après avoir respiré un grand coup et mis de l’ordre dans mes idées, j’ai finalement décidé de parler de ce livre auquel je fais finalement trois reproches :
- Le fond
- La forme
- La fin. Bon sang la fin…
Le fond d’abord.
Pourtant prometteur, le pitch ne reflète pourtant que très partiellement et très imparfaitement le contenu du roman. Il ne se passe rien et on assiste, impuissants, au naufrage des personnages pour lesquels on n’arrive jamais à éprouver la moindre empathie. Nous assistons surtout à un dialogue de sourds qui, s’il n’en demeure pas moins tragique, ne se résume qu’à une insupportable absence de communication entre les protagonistes. Près de deux cents pages de non dit, ça commence à faire long…
La forme ensuite.
Au delà du propos, dont le but pourrait être justement de dépeindre le destin sordide de personnages inintéressant, le style ne créé jamais aucun enjeu. Faussement poétique, le rythme et le vocabulaire employés sont nébuleux et peinent à nous impliquer dans le récit. Mais là encore, même si pour ma part je n’adhère pas à la structure, celle-ci est justement au service du fond et il y a malgré tout une certaine cohérence entre l’un et l’autre.
Tout ceci pourrait n’être que bénin si le tout se concluait par une forme, non pas de morale, on n’est plus à l’époque de ce genre de procédés littéraires, mais à minima d’un message. Une conclusion de laquelle on aurait quelque chose à retirer.
Sans dévoiler le déroulé de l’intrigue (si on peut appeler cela comme ça) ni de sa “conclusion”, on laisse les personnages dans le même état exaspérant que pendant tout le récit et on se dit “tout ça pour ça”.
Extrêmement décevante, pour ne pas dire frustrante, la fin nous laisse avec un sentiment de malaise désagréable que même certains plot twist les plus choquants ne parviennent pourtant pas à provoquer.
Triste, déprimant, et avec trop peu de substance, Petites dents grands crocs ne mérite pas les quelques heures que vous pourriez consacrer à sa lecture.
Fiche d’identité
- Titre : Petites dents, grands crocs
- Auteur : Emilie Guillaumin
- Date de publication : 4 janvier 2023
- 272 pages
- Editeur : Happer-Collins