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La vengeance du loup de PPDA : fade et paresseux

Madame, Monsieur, Bonsoir !

On connait tous la passion de Patrick Poivre d’Arvor pour le plagiat l’écriture. Aux commandes de l’émission littéraire « Vol de nuit » pendant de très longues années, celui qui fut pendant longtemps le journaliste le plus regardé de France, vit désormais au rythme des rentrées littéraires et des salons qu’il fréquente pour éviter l’oubli.

Car il n’est écrit que la postérité retienne du personnage ses talents d’auteur autant que sa voix (in)imitable, popularisée par les Guignols à la grande époque.

Ainsi donc, « PPDA » commet en ce début d’année un nouveau roman, « La vengeance du loup« , publié opportunément à l’occasion de la « Rentrée littéraire d’hiver ».

Qui a eu cette idée folle ?

Je ne sais plus si j’ai eu l’occasion de dire tout le mal que je pensais de ce concept malsain de « Rentrée littéraire », un dispositif qui pouvait s’entendre à la fin de l’été quand il coïncide avec la rentrée scolaire mais qui devient tout de suite beaucoup plus nocif quand on cherche à le démultiplier à outrance sur le reste de l’année pour créer l’évènement et espérer faire gonfler les ventes.

D’une part, la Rentrée littéraire « canal historique » est devenu une vaste foire à bestiaux, où chaque éditeur joue à celui qui aura la plus grosse en concourant au prix de celui qui publiera le plus, le plus de premiers romans, etc. En résulte aujourd’hui une cacophonie ahurissante, ou, si choix il y a effectivement, ce choix devient cauchemardesque pour les libraires et les lecteurs qui ne savent plus à quel saint se vouer, leur portefeuille en cette période de l’année n’étant pas des plus épais comptes tenus des dépenses réalisées. Comment voulez-vous mettre en avant quoique ce soit quand vous avez plusieurs centaines de titres publiés simultanément ? N’en découle que des ventes de plus en plus faibles et un évènement qui ne parvient même pas à faire émerger les talents, tous noyés qu’ils sont au milieu de ce fatras indigeste écrasé par les mammouths indéboulonnables que peuvent être les Nothomb et autres sociétaires de cette rentrée.

D’autre part, a force de démultiplier ces « rentrées », le monde de l’édition, qui ne manque pourtant pas de manuscrit à publier semble courir après le taux de remplissage des rayonnages des librairies, et préfèrent parfois publier des choses médiocres pour s’en débarrasser et faire du chiffre tout en espérant que cela passe inaperçu, chose facile puisque, comme je le disais, beaucoup trop de titre publiés en même temps sont la garantie d’en laisser passer beaucoup.

Bref. La rentrée littéraire est un concept qui au bas mot me laisse froid, mais qui en réalité m’exaspère et me révolte un peu plus chaque année. Elle est le fossoyeur de l’édition et sert d’alibi à des gens aveuglés par le marketing au détriment d’une véritable politique éditoriale cohérente et donc rentable.

Mais assez divergé ! Revenons-en à notre Poivre.

Un plat qui se mange froid…

Bon, on ne va pas tortiller : c’est fadasse.

Si Rastignac est souvent évoqué, on est très loin du talent d’un Balzac, quand bien même il faut avouer que c’est relativement chiant.

Là, si l’histoire globale est intéressante, son déroulé est terriblement alambiqué et près des deux tiers du livre servent de mise en situation. Cela aurait été tellement plus plaisant si tout ce contexte, d’une part avait été resserré, mais surtout distillé plus finement au cours du récit.

Un récit dont au final on n’est que spectateur. Ce roman s’apparente à un train circulant dans les plaines de Normandie. Tels des ruminants impavides, on se contente de le regarder passer, sans émotion ni attente particulière.

Si l’on se laisse porter par le récit, on n’éprouve à aucun moment empathie à affection pour les personnages que l’on se contente de regarder faire des choses, et encore, assez sommairement tellement les actions sont traitées sous formes d’ellipses grossières. On a le sentiment de survoler l’intrigue sans jamais y être impliqué.

Cela rend au final la lecture ennuyeuse et le roman oubliable. Enfin, il ne faudra tout de même pas trop être amnésique puisqu’une suite est à attendre, ce qui se sent rapidement puisque, quoique épais, l’intrigue n’avance pas suffisamment d’une page à l’autre pour que l’on devine assez rapidement qu’on est en présence d’un premier tome. Dommage, car il y avait matière à ne faire qu’un seul opus.

Alors certes, plusieurs passages sont plutôt bien écrits et assez fluide. L’expérience de l’auteur du monde des médias et de la politique confère une certaines saveurs à ces mêmes passages, mais ils surnagent d’effroyables passages à vide artificiellement ponctués de mini-cliffhanger grossiers, poussifs et maladivement rébarbatifs.

Oui… mais non

Au-delà du récit, ce que l’on retient c’est une fois encore, comme c’est régulièrement le cas dans les ouvrages du moment, qu’il s’agisse de la Psychologie de la Connerie de Jean-François Marmion ou de Fake News de Robert Namias et Michèle Cotta, la rengaine un peu réactionnaire du « c’était mieux avant » et « nous vivons dans une époque complètement folle ». Une époque que certains « ancien » semble avoir du mal à comprendre ou à s’approprier. L’époque n’est certes pas parfaite, mais elle est justement le fruit de ce qui l’a précédé et rien ne sert de déplorer les choses qui ne semblent pas aller droit quand on a soi-même contribué à ce qu’elles aillent de travers.

Au final, il n’aura manqué qu’un peu plus d’épaisseur aux personnages, une narration un peu moins superficielle et paresseuse pour que l’on trouve, sinon un grand roman, du moins un ouvrage véritablement digne d’intérêt.

Maître de ces lieux

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