Livres

L’été des quatre rois de Camille Pascal : lourd mais brillant

Un roman ?

Dans « L’été des quatre rois« , Camille Pascal nous livre un récit brillant et extrêmement documenté de cette période trouble et relativement méconnue de l’histoire de France qui prend place dans la première partie du 19e siècle.

Marquant l’échec de la restauration, la tentative de coup de force de Charles X est ici illustrée avec force dans un propos détaillé où les faits connus sont présentés avec soin et détails. Appuyé sur une bibliographie riche et solide, l’exactitude historique des faits et leur contexte ne peut en aucun cas être remis en cause. 

L’intrigue, quoique déjà écrite par l’Histoire, nous emmène de cette décision de Charles X de restreindre les libertés publiques jusqu’à sa disgrâce et son exil en Angleterre, en passant par l’épisode famélique des Trois Glorieuses, nième épisode insurrectionnel et révolutionnaire dans la capitale, écho à celui de 1789 et qui trouvera encore sa réplique en 1848 et 1870.

Le récit se décompose en deux parties inégales, la première décrivant l’origine de l’insurrection et son déroulement, puis, après les atermoiements politiques dont le livre tire son titre de manière quelque peu exagérée puisque deux des quatre rois en question n’ont pas régné, enchaîne en seconde partie sur le très long chemin de l’exil pour Charles X. 

Sur cette base scénaristique contrainte, l’auteur tente le pari audacieux d’en proposer une version romancée, rembourrant la trame des faits et des archives par tout ce qu’autorise les conventions littéraires. 

Ainsi le roi se trouve-t-il en train de rêver et nous même plongé dans son rêve ou bien encore des scènes de dialogues dont ne nous est parvenu que l’esprit sinon les mots, se trouvent retranscrits sans que ces mots manquants ne soient réinventés. 

Ou un manuel historique ?

A mi-chemin entre le manuel universitaire et la fresque romanesque pure, l’ambition du livre se heurte malgré tout à quelques difficultés liées à l’exercice. 

Le propos suit une trame parfaitement chronologique, où le lecteur est invité à suivre presque heure par heure, les actions des différents protagonistes. En conséquence, nous passons très (trop) rapidement d’un point de vue à un autre, sans que la structure du récit nous l’indique clairement. C’est le cas lorsque plusieurs actions se déroulent au même endroit, avant que nous ne soyons propulsés ailleurs et qu’un intertitre nous l’indique. 

En découle un récit très compact, très dense, qui implique une lecture attentive et méticuleuse, qui éloigne quelque peu l’ouvrage de son objectif romanesque, qui autoriserait une lecture plus fluide et plus aérée. N’espérez donc pas accompagner vos trajets en transports de cette lecture qui nécessite du calme, presque une prise de note pour ne pas perdre de vue qui est qui au risque de se perdre dans l’entrelacs de l’histoire et de devoir relire plusieurs fois le même passage. 

Au surplus, les non-initiés à cette période seront rapidement perdus s’ils n’ont pas une connaissance minimale de la trame chronologique. La lecture d’un manuel ou, à minima, de quelques fiches Wikipedia, sera un préalable recommandé. 

Au final, avec l’été des quatre rois nous sommes en présence d’une belle monographie, écrite avec soin dans un style ciselé et qui ne se tire pas trop mal de l’exercice délicat consistant à mêler roman et livre d’histoire. 

Cela n’enlève en revanche rien au fait que ce n’est pas un livre facile d’accès et que la lecture est rendue ardue de part la densité de son propos. 

Maître de ces lieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *