Livres

Psychologie de la connerie de Jean-François Marmion

Attention : question piège !

Un produit qui se trouve couvert par une intense campagne de presse a-t-il plus de chances de se retrouver en tête des meilleures ventes ?

Réponse : Oui !

C’est le cas pour la « Psychologie de la Connerie » qui a bénéficié d’une couverture médiatique assez incroyable en fin d’année 2018 avec pas loin d’une trentaine d’articles direct ou indirects (ou le livre n’est que cité) dans la presse généraliste.

Faut-il en conclure pour autant que le succès en librairie de la Psychologie de la connerie n’est dû qu’à cette surexposition ?

Probablement pas car il faut admettre que les auteurs font œuvre de pédagogie et de vulgarisation. Sans cela, le livre serait resté confiné à de la littérature de spécialistes et n’aurait de ce fait pu franchir le seuil de la presse « mainstream ».

C’est d’ailleurs parce qu’il est « grand public friendly » que la presse a pu en parler avec autant d’aisance et lui faire moult compliments.

Si l’on ajoute à cela le fait qu’il fasse franchement et directement référence à « la connerie » et l’on tient là le parfait objet de « buzz ».

Oh le con !

Car les gros mots, comme disent les enfants, quand bien même sont-ils largement répandus et utilisés dans notre langage courant, font vendre. En témoigne le succès mondial du « Casses-toi pauvre con ! » de l’ancien Président Sarkozy.

Ainsi le sieur Marmion et ses acolytes psychologues, psychanalystes, journalistes et autres chercheurs, nous propose un tour d’horizon de la connerie, de ses définitions, de ses effets ou conséquences, de ses expressions, et, dans une certaine mesure des moyens de s’en protéger.

Mais au fait, c’est quoi la connerie ?

Le dictionnaire nous en dit qu’il s’agit du fait d’être con. Ah. Bon. Bien.

Bon, mais du coup, ça veut dire quoi « être con » ?

Dans son acceptation du jour, être con désigne une personne « stupide, désagréable ou mauvaise à force de bêtise ». Un beauf quoi… ou une starlette de télé-réalité.

Bien que les auteurs nous avertissent très tôt « que l’on est toujours le con d’un autre », ils établissent tout de même quelques cas « clinique » au rang desquels on trouve l’adepte de fake-news, le narcissique à l’ego démesuré qui ne vit que pour les réseaux sociaux, etc.

Les cons ça ose tout

S’ils établissent alors un portrait-robot du con et de la connerie, les auteurs prennent tout de même un parti pris quant à leurs jugements de valeurs de certaines attitudes ou effets de modes que certains ne semblent ni comprendre ni approuver. Comme quoi, on est forcément le con d’un autre.

Passé ce léger écueil, la structure du livre, sous formes de courts chapitres, compile plusieurs « communications » comme on dit dans le jargon, qui traitent chacune d’un aspect de la problématique. Le tout est entrecoupé d’entretiens ou d’apartés documentées.

S’il y a bien un fil directeur, l’ouvrage ne dresse aucune conclusion ni aucune synthèse, en dehors de son quatrième de couverture.

Si l’on sera heureux de découvrir quelques mécanismes psychologiques constituant le fond de tarte de la connerie et quels ingrédients peuvent venir garnir ce dernier pour donner différentes recettes de cons (le prétentieux, le rétrograde, etc…) et que l’on devine qu’une vision d’ensemble se dégage sur ce phénomène pluriséculaire, on reste tout de même un peu sur notre faim tant les auteurs semblent prendre l’exercice sous l’angle de l’amusement.

Alors certes, cela donne ce côté « grand public » au propos qui contribue d’une part à sa visibilité et d’autre part à décloisonner la chose psychologique, mais dans le même temps qui laisse le sentiment d’une certaine condescendance.

Dernier point : privilégiez l’édition numérique. Non pour le prix, mais parce que le format retenu pour la version papier, petit pour sans doute donner l’illusion d’un livre épais, est pénible à l’usage et à la manipulation.

Le temps ne fait rien à l’affaire…

En résumé, un livre plaisant, drôle par moment, qui, s’il ne propose évidemment pas de remède contre la connerie (!) en livre sinon une étude, du moins un tour d’horizon permettant d’y voir un peu plus clair sur ce fléau intemporel.

Déjà abondante, la littérature sur les cons et la connerie semble profiter d’un appel d’air suite à ce succès car de nombreux autres ouvrages sur le sujet sont prévus ! Il n’y a pas de petits profits !

Maître de ces lieux

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