Bilan de mes lectures de février 2019
Un mois de février très chargé !
Emmanuel le magnifique
Avec une plume et un style qu’on lui connait, Patrick Rambeau poursuit avec Emmanuel le Magnifique son oeuvre de chronique de la vie politique française inaugurée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Si pour nous, contemporains du sujet, la tournure prise par le récit nous est d’une limpidité absolue (pour peu que l’on s’intéresse un minimum aux actualités et que l’on ne vive pas dans une grotte), que restera t-il une fois les affres du temps passés ?
Certains détails sont en effet embellis et, outre les préférences politiques objectives de l’auteur, l’exercice de synthèse inévitable conduit bien entendu à emprunter certains raccourcis qui trahissent néanmoins ce que la plupart des gens retiennent de chaque épisode narré. On est néanmoins en présence d’un livre tout à fait plaisant qui permet de remettre en perspective le tumulte de l’actualité.
Dans tous les cas, une petite merveille de vocabulaire et de maniement de la langue française pour notre plus grand plaisir !
La méthode bullet journal
Noyé au milieu de tous les outils numériques disponibles pour organiser notre quotidien, la méthode Bullet Journal propose d’avoir un véritable compagnon de route sous la forme d’un carnet unique.
Celui ci sera le réceptacle de toutes vos tâches, tous vos projets, toutes vs idées et tous vos ressentis.
Si Ryder Carroll donne un cadre, il insiste bien sur le fait que la « méthode » peut s’adapter selon les besoins de chacun.
Si j’ai bien aimé le livre, il est encore un peu tôt pour en livrer une critique. En effet, comme pour chaque ouvrage de ce type, il faut d’abord passer par la case de l’expérimentation pour en faire le tour complet.
Je tiens donc depuis le début du mois un bullet journal. Rendez-vous en avril ou en mai pour voir ce que cela aura donné !
Mind mapping
Une lecture décevante ou l’on apprend moins finalement sur la méthode du mind mapping que sur les prestations diverses et variées des auteurs.
Si l’on glane quelques conseils utiles au passage, le lecteur est vite laissé à lui-même, les chapitres étant structurés à l’identique : exposé / débrouillez-vous / bilan.
L’ouvrage passe beaucoup trop vite sur certains aspects, ne prend pas le temps de détailler les exemples proposés et laisse en revanche beaucoup de place à des sujets inutiles (la procédure d’installation de Xmind par exemple).
Cher pour ce que c’est, d’autres ouvrages sur le sujet semblent permettre d’en apprendre d’avantage de manière plus concrète.
Lectio Letalis (Critique)
Lectio Letalis exécute avec brio la recette du thriller ésotérique. Tous les ingrédients nous invite à déguster au plus vite chaque page pour atteindre le dénouement et les révélations finales. Un livre qui tue, des personnages haut en couleurs, une secte mystérieuse et une enquête menée tambour battant dans un cadre dépaysant, que demander de plus ?
Maniant avec subtilité l’art de l’ellipse, le roman sait nous garder au fait de l’action avec une économie de mots qui rend la lecture fluide et plaisante. Dommage pour certaines scènes que l’on aurait aimer voir se dérouler avec de plus amples détails.
Si l’ensemble se tient tout à fait, on regrette quelques raccourcis scénaristiques ou que les personnages parviennent trop simplement et justement à certaines conclusions. On n’est pas loin par moment du Deus Ex Machina.
Il n’en demeure pas moins que c’est très bien écrit, avec une richesse de vocabulaire assez rare pour être notée pour ce type de littérature. Un roman haletant !
Silence sous la blouse (Critique)
Une enquête très fouillée et documentée sur les ravages du harcèlement sexuel en milieu hospitalier.
On a beau le savoir ou le deviner, les pratiques de certains praticiens (!) font froid dans le dos.
Une lecture éclairante et qui va participer à la prise de conscience collective qu’il est grand temps
La solitude Caravage (Critique)
Une véritable déclaration d’amour pour le peintre italien !
Bien plus qu’une biographie, la solitude Caravage nous amène à une certaine intimité avec le peintre mais également avec l’auteur.
Plaisant à lire et qui donne envie d’en savoir un peu plus sur le Caravage. Une vraie réussite !
L’art de la victoire (Critique)
Il s’agit de la biographie du fondateur de Nike, Phil Knight, dont il fut le président jusqu’en 2006.
Suivant un plan strictement chronologique, l’auteur parcours toutes les étapes de la création de ce véritable empire du sport.
Guidé par son audace, sa ténacité (ou son obstination) et un peu par la chance, il passe petit à petit de la vente de chaussures d’import japonaise depuis le coffre de sa voiture à la gestion de magasins et de contrat avec des sportifs à travers le globe.
Forcément biaisé sur certains aspects, le livre affiche tout de même un bonne dose de franchise et de lucidité sur certaines de ses faiblesses (managériales, familiales, etc.)
Une lecture savoureuse et instructive !
Game of Rome
Ce livre est une catastrophe…
Alambiqué et confus, son propos, pourtant simple, à savoir pourquoi l’antiquité est-elle utilisée dans les jeux vidéo et comment est-elle utilisée ou représentée, n’est absolument pas lisible.
L’auteur se perd dans des considérations absconses en faisant usage d’un vocabulaire et d’une syntaxe totalement en inadéquation avec le sujet. Si l’ouvrage ne se destine a priori pas à un travail de vulgarisation, force est d’admettre que l’ouvrage et son auteur se trompent visiblement de cible. en effet, trop lacunaire pour ceux qui ne serait pas familier avec l’univers vidéoludique en général et trop tarabiscoté pour ceux qui ne seraient pas issus du sérail du corps enseignant universitaire, le livre se montre au final trop superficiel pour pouvoir être considéré comme un ouvrage sérieux sur le sujet.
Trop peu d’exemples (mal) utilisés qui ne reflète finalement qu’une infime portion de tout ce qui aurait pu ou du être dit sur le sujet.
Le contenu de ces quelques pages auraient pu être résumés en une simple note de blog un peu fournies ce qui, dans un langage compréhensible, aurait pu servir d’introduction à une somme beaucoup plus approfondie du sujet.
A éviter…
Histoire secrète du sport (Critique)
Si ce livre ne vous donnera pas forcément envie de vous mettre au sport si vous êtes plus adepte du pizza-bière-foot que des footing matinaux, il va vous mettre en revanche une belle claque si vous pensiez en savoir un tant soit peu sur le Sport avec un grand S.
Et d’abord sur sa relative jeunesse. Contrairement à la croyance couramment admise, quand bien même les grecs de l’antiquité pratiquaient des activités physiques de compétition, l’émergence du sport en tant que pratique concurrentielle de haut niveau est, à l’échelle de l’humanité, très récente. un siècle et demi tout au plus.
Et l’on prend alors conscience de la folle machinerie qui s’est mise en marche autour de ce qui n’était au départ qu’un loisir, qu’une distraction, utile pour le corps et l’esprit.
A travers les grandes et les petites histoires et anecdotes de l’histoire du sport (à ne pas confondre avec l’histoire sportive) on découvre aussi bien de grands moments et des héros, que les pires bassesses et le gangrénage progressif par l’argent.
L’ouvrage, d’une richesse incroyable, nous offre à voir cette face cachée du sport, derrière les médailles, les résultats, les buts et les records. Excellemment bien écrit et très bien documenté, les auteurs nous offre une véritable saga, que l’on imagine sans peine adaptée en série télé ! Même les épisodes pourtant à priori très bien connus du publics sont éclairés sous un nouveau jour et enrichi de détails insoupçonnés.
Une véritable somme sur le sujet que tout bon passionné se doit d’avoir dans sa bibliothèque !
La folle enquête de Stieg Larsson – Sur la trace des assassins d’Olof Palme
L’assassinat du premier ministre suédois Olof Palme est pour nous français quelque chose d’inconnu ou, pour les plus anciens, quelque chose de diffus et lointain.
Si cela n’a pas forcément eu beaucoup de retentissement chez nous, encore moins aujourd’hui plusieurs dizaine d’années après les faits, il n’en n’a pas été de même pour Stieg Larsson, auteur mondialement connu de la saga Millenium.
Ce livre extrêmement bien construit et bien écrit, nous fait donc découvrir que l’élucidation de cet assassinat a non seulement été l’oeuvre d’une vie pour Stieg Larsson mais que ce crime est encore à ce jour non élucidé.
L’auteur reprend donc l’enquête sur la base de l’importante documentation laissée par Larsson et tente de donner une issue à ce mystère qui continue de traumatiser la Suède.
Passionnant et intriguant à plus d’un titre !
Les cendres de Babylone
On retrouve nos héros à la lutte contre la flotte libre après le cataclysme provoqué sur Terre par la chute volontaire d’astéroïdes qui ont provoqué mort et désolation.
Toujours aussi haletant, toujours aussi bien écrit, c’est à ce jour l’un des meilleurs de la série !
La mère parfaite
Il n’est décidément pas facile de devenir maman.
C’est finalement le message principal de ce roman policier qui a pour toile de fond l’enlèvement d’un nourrisson. Si l’intrigue policière donne corps au récit, le roman nous donne plutôt à voir toutes les difficultés que pose la très forte intellectualisation de la grossesse puis de l’arrivée du nouveau-né.
Les différentes protagonistes, dans une sorte de « Desperate Housewives » du syndrome post-partum, sont chacune confronté à des situation différentes; Grossesses compiiquées, FIV, fausses couches, tout y passe. Et les choses se compliquent quand on découvre leur quotidien New-Yorkais avec ce que cela implique de stress, d’angoisse face à un système américain pas vraiment porté sur l’assistance et où les frais doivent être intégralement couverts par le fruit de votre travail.
L’intrigue essai bien de faire passer chacune des maman pour une potentielle suspecte, mais cela ne prend jamais véritablement. En effet, on assiste un peu éberlué au fil de la lecture à la disparition de l’instinct maternel. Ces nouvelles maman semblent en effet incapable de la moindre initiative et sont sans arrêt tributaire de conseils, de guides, pour leur dire quoi faire et quand. De ce fait, on les imaginent bien incapable de fomenter un enlèvement…
Malgré quelques lourdeurs, la lecture est globalement plutôt fluide et le sens du suspens, quoique artificiel, est bien maîtrisé.
La méthode mapwriting
Je suis particulièrement adepte du mind mapping (ou carte heuristique dans la langue de Molière).
Outil de clarification et d’organisation des idées, je souhaitais aller plus loin. Après un premier ouvrage assez décevant sur le sujet (cité plus haut), je me suis en chasse d’un autre livre sur le sujet. Mes recherches m’ont conduites sur cet ouvrage qui propose un angle assez original.
Mes projets tournant beaucoup autour de l’écrit, l’orientation de ce livre m’a assez vite convaincu de sa pertinence et de son intérêt.
Je dois avouer que sa lecture ne m’a pas déçue et que je suis actuellement en train de mettre en pratique les conseils et techniques détaillées à l’intérieur.
Bilan a venir d’ici quelques semaines / mois.
Bernadette Chirac, les secrets d’une conquête
Erwan L’Éléouet nous livre avec cet ouvrage une version écrite de ce qui s’apparente à un numéro de l’émission « Un jour, un destin » à laquelle il participait.
Le livre brosse à grands traits certains points saillants de la vie de celle qui fut première dame de France. Car plus que la vie de Bernadette Chirac, c’est très vite celle de son illustre mari que l’on retrace en creux. De son enfance marquée par une éducation très stricte et par la guerre, mais qu’elle aura toujours vécue depuis un château, jusqu’à sa retraite, le livre égrène les épisodes successifs d’une vie menée tambour battant.
Assez pudique sur les écarts de Jacques, le livre met en lumière la force de caractère de celle qui a su passer progressivement de l’ombre à la lumière. Exercice biographique documenté, l’ouvrage n’est pourtant pas aussi détaillé que pourrait l’être un livre du genre.
Moins documentaire dans sa démarche que narratif, le livre tend à réhabiliter cette femme politique en justifiant son caractère et sa conduite à l’aune des événements de sa vie. Une publication de plus dans la littérature déjà abondante sur les Chirac, qui contribue néanmoins à détailler un peu plus une fresque historique déjà chargée, à travers des détails inédits récoltés par l’auteur lors d’entretiens exclusifs.
Erwan L’Éléouet synthétise également de nombreux fragments disséminés dans différentes interviews, reportages ou articles, qu’il replace ici dans une démarche chronologique bienvenue.
La meute
Ce livre est maladroit dans tout ce qu’il entreprend.
Sans véritable fil conducteur, le roman nous bombarde les excès et les états d’âme de cette bande de copines assez vulgaire et à laquelle on n’éprouve aucune empathie. Le roman se termine sur une note grave, qui essaye de donner un peu de sens à toutes les dérives auxquelles on a pu assister page après page.
S’il fallait le résumer, le message du livre pourrait être : profitez de la vie car on ne sait jamais quand celle-ci va se terminer. Mais même ce final dramatique est brouillon, confus et peu lisible. Et puis surtout, est-ce vraiment profiter de la vie que de brûler la chandelle par les deux bouts, au risque de maltraiter son corps ? On a le droit d’en douter sérieusement. Consommation excessive d’alcool, de stupéfiants, boulimie, vie sexuelle débridée, sont autant de clichés de la vie nocturne parisienne (mais pas que) auxquels on n’adhère déjà pas forcément, même s’ils sont probablement poussés un peu à l’extrême, mais surtout, tout cela est extrêmement mal écrit.
Le style est brouillon, la narration totalement décousue et le propos confus. En découle un roman bancal, sans direction, brassant des situations qui au mieux suscitent l’indifférence, ou, au pire, la révulsion.
Le président sur la corde raide
Se voulant à la fois très objectif et très analytique, le livre de Roland Cayrol brosse un constat plutôt honnête du début de quinquennat d’Emmanuel Macron.
N’occultant pas les difficultés et les erreurs commises, l’auteur insiste par ailleurs beaucoup sur les réussites ou, à tout le moins, sur les engagements tenus ou en passe de l’être.
De ce fait, l’ouvrage est relativement ambigu car il semble embellir quelque peu le positif et minorer ou à minima relativiser les points négatifs que lui même aborde.
Cet exercice d’équilibriste nuit au propos. Non qu’il eu fallut que le livre soit totalement à charge ou à décharge, mais il ne tranche pas suffisamment, même quand il s’agit de dire du bien.
Au surplus, l’ouvrage n’explicite sa finalité qu’à l’amorce de sa conclusion. En découle un long exercice d’introduction pour ne finalement délivrer qu’un seul message : l’exécutif doit accepter d’avoir recours au peuple pour gouverner. Selon l’auteur, il s’agit là de la seule promesse électorale non (encore) tenue à ce jour.
Compte tenu de ce point de vue, il est dommage que le mouvement des gilets jaunes n’aient pas été étudié plus avant, car s’il est bien une de leur revendications qui trouve écho dans ce livre, c’est justement cette coupure des élus et du peuple, ce dernier se sentant mis à l’écart à l’heure où le président élu, comme cela est rappelé par Roland Cayrol souhaitait plus de démocratie, plus de participation.
Correctement documenté, l’ouvrage pose un diagnostic plutôt consensuel qui a au moins le mérite de voir s’engager l’auteur. Cela fera le délice des historiens qui auront à disposition une littérature abondante sur ce quinquennat comme les précédents.