Humeur

Toutankhamon l’expo : tout en déception

Quelle déception !

Le seul point positif de cet événement (pour lequel je n’ose employer le terme « exposition ») organisé à la halle de la Villette restera que les objets présentés sont plutôt bien mis en valeur. On peut en faire le tour, ce qui est appréciable.

Mais… Pour en faire le tour, il faut encore pouvoir accéder aux vitrines. Ce qui est impossible compte tenu du monde qui s’agglutine pour prendre des photos floues au smartphone… Impossible de circuler, de lire les explications tant l’espace est saturé.

Et quand bien même vous parvenez à parcourir les explications, vous découvrez le vide sur lequel est bâti cet événement marketing. Sur la base des objets transportés hors d’Égypte, les organisateurs ont bricolé un parcours thématique approximatif et branlant.  Il faut déjà avoir la chance d’avoir des objets en rapport avec la thématique de la salle dans laquelle ils sont présentés. Et quand c’est le cas, ce sont les explications qui ne tiennent pas la route…

La mystique déployée autour de l’événement (l’éternité et les destins fabuleux du pharaons et d’Howard Carter) sonne complètement faux et ne concourent qu’à entretenir à la « Toutankamon-mania » dénoncée par ailleurs en fin de parcours… Savoureux !

De nombreux points qui seraient utile à la compréhension de certains objets ou à leur contexte d’utilisation sont largement survolés quand ils ne sont tout simplement pas oubliés. La lecture d’un livre solide sur le sujet est un préalable indispensable à cette visite.

Les conditions de la découverte de la tombe, qui constitue quand même ce qui a rendu cet événement possible, elles ne sont présentées qu’à la toute fin du parcours…

On ne saura hélas pas quel comité scientifique à présidé à la conception de ce parcours puisqu’il n’est pas crédité à la sortie, contrairement aux sources… photographiques… (merci Shutterstock).

Et pour finir, quand vous avez survécu à la foule, à la « selfie-mania » devant les statues et les bijoux, à l’incurie intellectuelle dans laquelle baigne cet ersatz muséographique, vous tombez dans l’antre du merchandising et du business dévergondé.

Si vous avez eu le mauvais gout de vous laisser prendre en photo sur fond vert à l’entrée vous aurez donc la possibilité de vous faire escroquer de 15€ minimum pour pouvoir accrocher dans votre salon vos trombines devant le sphinx ou tout autre monument random de la belle Égypte.

Vous entrez enfin dans le marché du temple : un fourbi colossal de produits plus qu’hétéroclites : canards en plastique, casques audio, eaux parfumées, le tout estampillé de la marque créée pour l’occasion « King Tut ». Le tout à un prix évidemment exorbitant !

Mais le pire dans cette boutique reste la bibliographie disponible : uniquement des ouvrages signés de Zahi Hawass, qui signe également le catalogue de l’exposition.

Un exploit puisqu’une exposition est en principe présentée par un ensemble de personnes et non un unique auteur, qui en profite bien entendu pour faire sa promo. Par un ouvrage sur Carter, aucun ouvrage généraliste…

Une opération marketing dans sa plus pure expression.

Bref, un scandale de bout en bout :

  • des flux de visiteurs absolument pas régulés alors que les billets sont horodatés
  • une qualité scientifique douteuse
  • et l’autopromo honteuse du « commissaire » autoproclamé.

Pas sérieux et excessivement cher pour la qualité proposée : un racket intolérable !

Maître de ces lieux

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