Eux Kay Dick
Fiction,  Livres

Eux, la dystopie perdue de Kay Dick

Eux, un livre oublié

Eux de Kay Dick est, des dires mêmes de certaines chroniques, un “chef d’oeuvre perdu”. Oublié durant des années. Ressurgi à l’aune très certainement d’un rangement de placard.

La question que tout le monde se pose est, à l’instar des légumes oubliés, pourquoi avait-on oublié cette oeuvre ? Le manque de goût peut-être ? Ou bien que, comme en cuisine, on trouve toujours quelque chose de meilleur à mettre dans la soupe ?

Un peu des deux sans doute.

Le fait de (re)découvrir un texte inédit, fût-il de la main de l’éditeur d’Orwell, suffit-il pour autant à le propulser au rang de chef d’oeuvre ?

Le doute est permis car une formule aussi péremptoire, dès la publication, ne peut que résonner comme un argument marketing. Au plus mauvais sens du terme.

D’atouts et qualités, le livre n’en n’est pourtant pas dénués. Mais elles ne suffisent jamais à le faire basculer dans la catégorie tant convoitée (ou pas) des livres inoubliables.

Objet littéraire nébuleux

La faute en premier lieu à un propos trop nébuleux. Entourer l’intrigue de mystère est nécessaire et parfois salutaire pour le bien du récit. Dans “Eux”, il ne se passe pas grand chose et le peu qui se déroule est recouvert d’un nuage vaporeux, à tel point que par moment on se demande même ce qui a pu se passer.

Si on comprend au fil des pages que l’on se trouve dans un monde (ou un futur) dans lequel certaines pratiques intellectuelles sont proscrites, on ne parvient pas à saisir quels sont les véritables enjeux. Et donc, en conséquence, on ne parvient que difficilement à s’attacher aux personnages.

Pas d’enjeux, pas d’identification.

Et pour combler ce manque de détail, il ne serait pourtant pas nécessaire de se lancer dans de longues explications ou descriptions des faits ou évènements qui ont menés à l’avènement d’un tel système. Un petit détour par la Servante écarlate, ou la Parabole du Semeur, nous indique qu’il est possible de définir le contexte, et donc les enjeux, avec quelques éléments ciblés.

Les différentes séquences présentées dans Eux sont trop décousues pour que l’on prenne un véritable plaisir à la lecture.

Un acte éditorial manqué ?

Si le style n’est pas déplaisant, certainement bien servi par une traduction française de bonne tenue, il ne suffit pas à donner le souffle nécessaire à l’intrigue. On ne contestera pas non plus que les lieux et paysages décrits sont particulièrement soignés et très plaisant à découvrir. Mais si le cadre est beau, l’image qu’il contient peine à capter l’attention et frapper les esprits.

Ce roman donne le sentiment qu’il n’était pas achevé. Ou du moins, pas assez pour être publié en l’état. Et c’est sans doute cela qui a plongé ce manuscrit dans l’oubli.

Ni chef d’œuvre ni étron absolu, Eux est une lecture rapide qui peut prendre place dans une pile à lire d’un été pluvieux mais guère plus.

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