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Ton monde vaut mieux que le mien de FM Santucci

Avec « Ton Monde vaut mieux que le mien », FM Santucci signe un premier roman maladroit mais rempli de bonnes idées et de bonnes intentions.
Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Maladroit dans la forme tout d’abord.

C’est tout bête, mais si l’écriture répond à certaines règles et conventions, ce n’est pas uniquement pour servir de carcan servile et castrateur. Au delà de la syntaxe, la mise en forme d’un récit, doit permettre au lecteur de savoir s’il s’agit d’une description, d’une pensée du narrateur, d’un dialogue, etc…
Or là, aucun dialogue n’est structuré selon les règles, avec des tirets, des guillemets, etc. Ici, tout est en italique seulement, y compris les pensées de certains protagonistes, sans qu’ils ne les livrent à voix hautes.
Cela rend la lecture pénible par moment sans que cela n’apporte ni profondeur supplémentaire au récit ni tension utile.

Maladroit sur le fond ensuite.

Il ne fait aucun doute que l’auteur nous livre ici un vibrant hommage à la Californie, à sa capitale Los Angeles et à sa culture ensoleillée.
Nul doute non plus sur le fait que l’auteur joue à plein la carte de la pop-culture technophile de ce début de siècle. Tous les noms de sociétés hi-tech (ou qui se prétendent comme telles) y sont nommées, ce qui constitue un bel exercice de contextualisation, mais vire vite au déclinologue fanserviesque.
Au final, cette toile de fond « technologique » est vite secondaire dans le récit et n’a d’intérêt que pour le dénouement final.
Si le récit nous dépeint de jolies descriptions de Los Angeles qui vous donnent l’envie de vous rendre sur place (à défaut d’y vivre faute de moyens suffisants), ce bel ensemble est rapidement mis aux oubliettes justement en raison de ce dénouement.

L’édifice narratif mis en place au fil des pages et dont on s’attend à ce qu’il culmine en une révélation et un twist renversant, s’écroule lamentablement lorsque l’on découvre, stupéfait, le motif capilotracté ayant servi au personnage principal pour bâtir son plan de « vengeance » sur plusieurs années. On en vient à relire l’explication tellement ça semble irréel.
Le tout étant prétexte à un happy-end forcé et dégoulinant de guimauve.

Seul rescapé de ce naufrage, un style particulièrement plaisant et un contre-pied des plus efficace pour déjuger la quatrième de couverture sur l’histoire d’amour naissante.

Ce que l’on retient au terme de cette lecture, c’est que l’auteur semble y évacuer un certain passif.
En témoigne les similitudes troublantes entre le récit et la biographie succincte de l’auteur en quatrième de couverture. D’autant plus troublantes, qu’en dehors des détails précis livrés qui témoignent d’une belle connaissance par l’auteur des lieux utilisés pour l’intrigue, la sous-intrigue en Côte d’Ivoire pourrait se dérouler partout ailleurs, dans le Poitou ou à Ibiza, sans que cela n’altère le récit. Sans le descriptif de l’éditeur, nous n’aurions pas ce sentiment bizarre de fiction-réalité.

Au final « Ton monde vaut mieux que le mien » constitue un livre paradoxalement agréable à lire mais qui souffre de trop nombreux défaut, même pour un premier roman. On peut se permettre de laisser de côté en attendant l’été et d’autres publications plus qualitatives.

Maître de ces lieux

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