Humeur,  Tech

Quand Lille explose c’est le net qui s’enflamme

Voilà ce qu’il fallait redouter. Alors qu’il s’agissait d’une information tout à fait banale, à savoir une forte détonation ressentie à Lille et dans sa région et relayée via Twitter, Facebook et quelques forums, par certains riverains de la région, le net s’est emballé à une vitesse ahurissante.

Apparue aux alentours de 22h35, la nouvelle a produit, selon les estimations, pas moins de 5.000 tweets en 2 heures, soit environ 40 par minute. Le net va vite. Trop vite même pour que les médias traditionnels aient le temps de démêlé le vrai du faux.

Les hypothèses les plus invraisemblables ont été évoquées, allant de l’explosion de la centrale nucléaire de Gravelines à l’explosion d’une usine de peinture au sud de la ville en passant par une invasion du Nord de la France par l’armée Belge ou l’explosion d’un immeuble due à une fuite de gaz…
Tout ce tapage et cette excitation pour qu’au final ce qu’on subodorait au départ se révèle être en fin de compte l’hypothèse la plus probable et la plus réaliste à savoir le bruit d’un avion ayant passé le mur du son. Un évènement assez commun, qui peut surprendre par son aspect bref, soudain et imprévisible et qui peut reproduire les effets d’une explosion, tant par le volume sonore que par les sensations physiques de tremblements et de secousse. D’ailleurs, au delà du « Boom » ces effets ont été retranscrits par  les internautes.

Alors, emballement ou délire d’internaute en mal de buzz ? Car au delà du questionnement des riverains qui peuvent à juste titre partager leurs interrogations ou leur peur sur le net à travers les réseaux sociaux et autres forums, ce déferlement de communication et de délires paranoïaques montre à quel point la machine peut s’emballer.
Si, au départ, le but des messages postés était de savoir réellement quelle était la source de la déflagration afin de satisfaire une curiosité légitime ou s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un évènement tragique et grave, très vite les non lillois et ceux qui ne s’inquiétaient pas outre mesure d’une éventuelle catastrophe s’en sont donné à coeur joie pour lancer les rumeurs les plus farfelues jouant sur la confusion et  l’absence d’information confirmées.

Mais que penser de cet emballement, pas nouveau sur la toile (on se souviendra du même phénomène pour l’annonce de la mort de Johnny Depp sur Twitter), en le replaçant dans un contexte particulier à savoir la conduite en ce moment même de l’expérience du « Huit Clos du Net » par cinq journalistes de radios francophones dans un gîte du Périgord. Pour mémoire, il s’agit pour ces cinq journalistes de ne rester informé uniquement à travers Twitter et Facebook et les liens accessibles via les messages postés sur ces réseaux.
Depuis le lancement de cette initiative Lundi dernier, les internautes, et plus particulièrement les Twittaunautes, se sont donnés pour mission de perturber l’expérience des « lofteurs » en lançant de fausses informations, des rumeurs ou des informations tronquées. On est donc en droit de se demander si, en dehors de ce contexte particulier, l’affaire du « Boom de Lille » aurait eu la même ampleur. L’évènement aura eu le mérite de révéler (si tenté qu’il eut été encore besoin de le démontrer) la chasse et a course à l’information et à son authentification. Une chasse au scoop qui dans le cas présent accouche d’une souris puisque la voix du nord vient briser tous les espoirs de catastrophe nationale sanglante en reprenant à son compte l’hypothèse d’un avion qui aurait franchi le mur du son, une hypothèse hautement probable.

Cela repose la question de la pertinence de l’expérience du Huit Clos du Net et surtout de la pertinence d’en avoir annoncé avec grand bruit la conduite et ses modalités à l’avance assurant de manière presque certaine ce genre de dérives.

Voilà qui va encore renforcer les détracteurs du net dans leur haine de ce média qui, selon eux, dénature le journalisme et parasite l’information au profit du buzz et de la rumeur.

Tout comme les avions, l’information peut aller très vite, et plus elle va vite, plus elle fait de bruit ! Vive le web 2.0.

Maître de ces lieux

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