Humeur

Dans la tête du panda

Je vais commencer par ça : j’en ai marre des gens connus qui se plaignent d’être connus.
J’en ai marre des gens connus grâce à un talent, une activité, un art ou une réalisation particulière, se plaindre d’être réduit ou cantonné à ce seul acte originel.
J’en ai marre des gens qui, quoiqu’il fasse, ne sont jamais satisfaits et voudraient toujours faire autre chose.
Et j’en ai marre de ces « youtubers » (pourquoi youtubers d’ailleurs et pas youtubiste ?) qui cumulent ces 3 tares et qui reviennent régulièrement vous expliquer que les choses vont changer, que ça leur coûte (humainement et financièrement) mais que bon, c’est pour être « en accord avec mes valeurs » et ce que je suis profondément… #surmoipower

Et par dessous tout, j’en ai marre qu’on m’engueule et qu’on me fasse culpabiliser à longueur de journée sur le net et ailleurs, mais surtout sur le net.
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Olala, tu regardes des vidéos de chatons qu’on martyrise #causeanimale
Olala, tu regardes des vidéos YouTube sans donner sur tepee ou t’abonner #telethon

Merde !

(Ouais, en général je réponds merde, ça colle avec à peu près tout !)

Donc désolé, mais aujourd’hui, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase !

Et le fautif, c’est InthePanda, Victor dans la vraie vie. Inthepanda qui officie sur YouTube avec une chaîne orientée cinéma. Réalisateur lui-même, sa chaîne nous permet de découvrir certaines de ses créations, mais également ses coups de cœur, ses coups de gueule. Mais elle est surtout empreinte de réflexions de fond sur le cinéma dans toutes ses dimensions : techniques, sociales, économiques, etc.

Victor aime le cinéma, ça se sent et ça se voit. D’un amour viscéral, presque fusionnel. C’en est presque trop. Et comme pour tout ce qui est excessif, on perd vite le sens de la mesure.

Mais si être passionné est (relativement) facile, être passionnant l’est beaucoup moins. Et Victor sait être passionnant en donnant vie à son propos par la fougue de sa passion et sa vergue faconde.

Le risque avec une passion, c’est qu’on ne découvre trop tard qu’elle vous consume. Et une fois consumé, il ne reste plus grand chose pour rallumer la flamme…

Victor s’est-il aujourd’hui brûlé les ailes ?

C’est en tout cas le sentiment qu’il semble nous confier dans sa vidéo sur Alad’2 (notez que c’est le première, seule et unique fois que j’écris le nom de ce « film » de merde quelque part).

Usé par les règles du jeu de YouTube (le fameux YouTube Game dont il nous dit qu’il est par ailleurs inexistant) consistant à optimiser ses contenus et son référencement pour maximiser la monétisation de sa chaîne afin de gagner des sous… et pourquoi pas sa vie !, il se dit fatigué de devoir créer pour plaire à une certaine audience qui générera en bout de course une partie de ses revenus. Plus de vue = plus de pognon. Logique. Donc pour faire plus de vue, il faut faire des trucs que les gens veulent voir. Imparable.

Sauf que beaucoup de créateur qui se sont accommodé de ce mode de fonctionnement, semblent aujourd’hui lui tourner le dos…

Ça va foutre la merde dans mon plan, mais tant pis j’en parle maintenant : je ne suis pas du tout convaincu de la pertinence du modèle économique des créateurs tirant tout ou partie de leurs revenus des dividendes versés par YouTube.
Pour preuve, la majorité de ceux qui avaient tout misé dessus sont obligés de faire appel à des ressources tierces : plateformes de financement (tepee, patreon, abonnement YouTube, etc.), des placements de produit ou « partenariats » pour les prudes, etc.
Bref. C’est la merde. Et dès que Google change quelque chose dans les règles de monétisations et de rétribution, on se prend une avalanche de vidéo « ouin-ouin » parce que la rentabilité n’est d’un coup plus au rendez-vous… Triste époque.

Vous voulez la sécurité de l’emploi et de vos ressources ? Trouvez autre chose !

La vie des créateurs a toujours été dure et même quand on s’appelait Leonard de Vinci, Jean-Sébastien Bach ou que sais-je, il fallait faire ce pour quoi on vous savait doué et pour quoi on vous payait, quitte à ce que ça soit au détriment de son moi artistique profond et incompris.

Donc ouais : vivre de la création, c’est la merde. Mais ça l’a toujours été. Combien d’auteur ont du faire des piges de merde, et pas toujours glorieuses pour pouvoir bouffer des pâtes histoire de survivre assez pour avoir le temps d’écrire le chef d’oeuvre qui se vendra et les rendra un peu moins pauvre ? (ouais faut pas déconner, on n’est rarement milliardaire en vendant des bouquins…)

Et pour ne rien arranger , on est à l’époque d’internet… Tu sais celle où il est à la fois possible d’accéder à tout le savoir du monde (et tout le porno) en un clic et de déverser tout son fiel et sa haine d’un coup de clavier anonyme et masqué…

Mais a la limite incriminer le média et l’époque serait par trop facile et étriqué.
Parce que quel que soit le support et l’époque, les « haters » ont toujours eu le verbe haut et facile. Il n’y a guère que sur TripAdvisor où l’on trouve aisément de bonne critique. Sinon, de manière générale (le genre de formule à l’emporte pièce qui implique forcément de tomber sur une exception), ce sont ceux qui sont mécontents, pas d’accord, déçu ou en colère, qui lâche plus volontiers un avis ou un Feedback.
On ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure…

Et comme ça commence à devenir personnel, on va se tutoyer hein !

Ainsi donc, la vidéo la plus vue de ta chaîne est celle de ta critique des nouvelles aventures d’Aladin.
Alors du point de vue du créateur, je comprend que ça te fasse chier parce que d’autres de tes productions (on va arrêter de dire « vidéos » comme si on était sur videogag.fr) méritent plus de notoriété que ce que leur compteur de vues laisse voir (#jeudemot).
Mais d’un autre côté, quand tu dis que c’est ta vidéo la plus nulle, c’est faux, et ce au moins à deux titres.

  1. C’est pas la critique du film le plus mauvais que tu ai commenté sur YouTube. Les visiteurs 3 sont bien plus mauvais. A bras ouverts est bien plus mauvais. Donc console toi en te disant que la performance d’une critique n’est pas proportionnel à la médiocrité de l’objet.
  2. Sans parler de mon aversion de plus en plus prononcée pour les vidéo face cam (sérieux les mecs quand vous avez un message à délivrer / libérer… vous mettez pas en face cam… vous n’êtes pas le message !), ce qui est un autre sujet, l’esthétique de cette vidéo est loin d’être dégueu. En plus tu as le sens du rythme et du montage (ah bravo tocard ! Si tu maîtrise le montage, tu maîtrise le rythme…) qui rend le tout très plaisant à regarder. Que ça ne corresponde pas à tes standard de qualité, qui sont soit dit en passant ceux d’aujourd’hui alors que tu es plus « mur », c’est une chose. Mais même en prenant en compte le fait qu’il s’agit d’une ancienne vidéo, à la technique « datée », elle n’a pas a rougir.
    Et puis merde (oui, je vous ai dit, ça passe partout !), chier sur tes anciennes productions au motif que « c’est moins bien que maintenant, j’avais une coupe de merde, etc… » et reprocher à ton audience de les avoir aimées ça revient au même que si tu disais à ta mère qu’elle a pas de goût parce qu’elle a pleuré quand tu lui à récité le premier poème que tu as appris par cœur pour la fête des mère quand t’avais 3 ans au motif que c’était pas du Baudelaire.
    Non c’était pas de la grande poésie, oui c’était récité avec le cul, mais c’était fait avec amour, avec le sourire, avec enthousiasme et ça restera quoi que t’en penses et quoi tu veuille comme l’un des plus beaux souvenirs de ta maman et qu’elle en repleurera encore certainement dans bien des années en y repensant.

Donc non, nous on va pas chialer en revoyant tes vieilles prod, surtout que, on va pas se mentir, t’as aucun gout en matière capillaire ;), mais merde (comique de répétition) ça fait partie des fondations qui font ce que tu es aujourd’hui !

Tu sais, la culture, c’est comme la bouffe. Tu reviens toujours aux trucs que tu as aimé. Même si tu vieillis et que tu te découvre de nouveaux goûts, et ben de temps en temps t’aime bien revenir au MacDo. Tu sais, le truc honteux que tout le monde critique mais qu’on trouve bien rassurant de temps en temps…

Ben avec toi c’est pareil. Ouais on aime ce que tu fais de manière générale. Y a des trucs qu’on aime plus que d’autres. Mais quand y a un truc qu’on a vraiment kiffé, et bien on en redemande.
Le problème c’est pas que tout le monde t’ai « demandé » de faire une critique de la suite des aventures d’Aladin. Le problème, c’est qu’ils l’ont tournée cette putain de suite…

Les gens n’attendaient pas du bashing gratuit pour se divertir ou avoir un avis objectif sur cette bouse. Les haters t’ont pas attendus pour cracher sur Kev Adams ou qui sais-je.

Les gens t’attendais sur le sujet parce que tu es le porte parole de ces spectateurs affligés qui en ont marre qu’on leur donne de la merde à bouffer et qui se désolent de voir les jeunes pré-pubères se ruer consommer de la chiasse predigérée nauséabonde parfumée au marketing.

Tu te vois peut-être pas comme un Robin des bois des salles obscures mais pourtant c’est bien la qualité de ton propos mariée avec la qualité esthétique de tes productions qui font de toi quelqu’un de légitime pour t’exprimer sur le sujet.

Ta vie serait triste si tu n’étais qu’un hater comme les autres. Mais c’est pas le cas, même si la majorité des gens ayant vue ta vidéo la plus vue n’ont sans doute pas pris le temps de voir ce que tu fais par ailleurs.

Et quand bien même tes prod les plus performantes (ouais on va arrêter de se mentir, c’est du business YouTube et il n’est question que de performances) sont celles sur Aladin, ça va non seulement te rapporter du blé (ou des pâtes, rapport à ce que je disais plus haut, tu suis ?) mais surtout de locomotive pour le reste de la chaîne.

Et ne crois pas que ton rôle dans l’histoire de l’humanité sera réduit à ces seules épiphanies numériques. Plein de gens ont clashé Aladin. T’aurais été le seul, ça aurait pu se discuter. A la rigueur. Mais dans le concert de louanges à cet étron, tu as au moins eu le mérite de poser un constat simple, construit, argumenté, documenté, et instructif (ce qui est une gageure dans le cas présent).

Donc ça te saoule qu’en 2018 ta prod la plus vue soit encore celle là. Et ça te saoule encore plus qu’on t’ai harcelé pour savoir si t’allais critiquer la suite.

Soit.

Mais mec : c’était écrit !

Bien sur que les gens allaient vouloir avoir ton avis. Comme je le disais plus haut, pas pour voir un mec lambda tirer sur une ambulance qui n’a plus de roues. Non. Mais pour avoir TON avis. TON analyse. Avec TON ton (non, pas mon oncle…)

Et si tu le fais pas TOI, qui va le faire ? Qui va aller dire à tous ces producteurs, acteurs, marketeux que ce qu’il font c’est de la merde en barre massive ?
Nous ?
Et ou ? Dans les fiches Allociné et sur Amazon ?
C’est sur que ça va faire trembler l’industrie de voir 200 « LOL C NUL » à la queue leleu sur le forum Bla bla de JV.com !
Y a qu’à voir comme Disney à changé son fusil d’épaule face au torrent de haine dans les commentaires sur l’épisode 8.
Oh wait ! Ah bah non en fait, ils en ont rien à foutre…

Les gens t’ont pas attendu pour chercher des infos ou des avis sur un film avant d’aller le voir. Les gens n’ont pas besoin qu’on leur dise quoi penser. Ceux qui se laissent influencer ont l’échine trop molle pour avoir un impact sur le monde. On influence que l’endroit où ils vont lâcher leurs euros.
Les gens cherchent de l’info parce qu’il est humainement impossible de tout voir, tout lire, tout écouter. Et contrairement à ce que tu dis, c’est pas une question de pognon. C’est juste une question de temps… Au ciné, tu paye 13 balles pour 2h de ton temps. Et que pour 13 balles, t’as envie de passer 2h de bon temps. Pas 2h de supplice. T’es déjà resté 2h les doigts coincés dans une porte ? Ben c’est pas agréable et perso c’est la sensation que j’ai eu en regardant le dernier Star Wars.
Même en téléchargeant, en piquant le bouquin ou le CD (qui écoute encore des CD ?) le temps que tu consacre à une merde c’est du temps perdu et le temps perdu ne se rattrape jamais. Le pognon, ça reste à voir.

Donc oui, les gens, devant l’afflux massif de contenus, ont besoin d’avoir un peu d’infos avant de se ruer sur tout et n’importe quoi. Notre monde souffre de manque de temps. On n’en donc pas à perdre sur des conneries (comme cet article qui devient beaucoup trop long, je me saoule moi-même…) et, à minima, quand on sort d’un truc qui nous a pas plus on va vouloir savoir si on a été le seul à pas aimer ou si c’est qu’on a des goûts de merde.

Donc désolé Victor. J’aime beaucoup ce que tu fais, y compris les critiques, parce qu’elle sortent du lot de cette bouillie infâme de copier / coller des arguments marketing qu’on trouve dans toute la presse.

Si tu tiens vraiment à ce que les gens réfléchissent d’avantage à ce que tu dis : écrit le ! A l’heure du tout vidéo, on a tendance à sous-estimer la puissance des mots. Et bizarrement, les haters bas de plafonds qui sont venus se lâcher chez toi et qui te saoules, seront d’un coup moins nombreux, ayant déserté les lieux au premier mot contenant plus de 3 syllabes.

Quand j’ai vu la conclusion de ta dernière vidéo, j’ai programmé un lâché de slip kangourou à ton effigie sur Paris.

Si tu reviens, j’annule tout !

Maître de ces lieux

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